Le personnage principal du film, Zé, est un jeune chaman. Il vit dans une banlieue d’Oulan-Bator et étudie dur pour s’émanciper socialement. Parallèlement à ses études, il officie en tant que chaman pour aider sa communauté en canalisant les esprits de ses ancêtres.

Le film met également en scène la fin de son adolescence et le passage à l’âge adulte avec la rencontre de Maralaa qui va faire vaciller son équilibre…

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Ce film m’a beaucoup touché. Tout d’abord par sa beauté, la lumière et les images sont fantastiques. Les jeux de lumière et de fumée pendant les scènes de soins chamaniques, tout comme certains plans de la montagne enneigée, apportent de la magie dans les images.
Le costume traditionnel du chaman est magnifique et plein de couleurs. Il contraste d’autant plus avec l’austérité de l’uniforme de lycéen de Ze et par extension avec l’uniformisation de la société de consommation. La mise en scène d’Oulan-Bator et surtout de la nature qu’il l’entoure est très réussie.

J’ai également trouvé le film et particulièrement les personnages très justes. La dichotomie entre la tradition chamanique et les « tentations » de la modernité incarnée par Zé est parfaitement mise en scène. Le jeune acteur, Tergel Bold-Erdene, a d’ailleurs reçu le prix d’interprétation masculine à la Mostra de Venise.

Son histoire nous rappelle que l’on ne choisit pas d’être chaman, les esprits le font. C’est un rôle difficile à assumer et d’autant plus aujourd’hui face au rationalisme moderne. Zé rêve de trouver un métier qui lui rapporte suffisamment d’argent pour déménager dans un gratte ciel.

Ce questionnement et le positionnement de Zé fait écho à mon expérience personnelle et cela m’a beaucoup ému de le voir mis en scène sur un écran. Ce long métrage soulève des questions très pertinentes : quelle est la place du chamanisme dans le monde moderne ? mais plus largement quelle est la place des traditions et spiritualités ancestrales à l’heure de la modernité ?

Au début de mon parcours, il était difficile pour moi « d’assumer » mon rôle de praticien chamanique. La peur du jugement de la société était très présente. J’ai la chance et une immense gratitude d’avoir reçu le soutien de ceux qui m’entourent – soutien qui m’a permis de m’aligner dans qui je suis et dans ma créativité. Je suis aujourd’hui très agréablement surpris par les retours enthousiastes et l’ouverture dont je suis témoin.

J’en profite ici pour clarifier une question que l’on me pose souvent : es tu chaman ? Pour moi la réponse est claire. Non car le chaman (et cela apparaît de manière limpide dans le film) est au service de sa communauté. Le praticien chamanique, lui, connaît et pratique les mêmes techniques que le chaman mais a décidé d’en faire son métier.

Je ressens un appel profond de la société moderne pour aller vers plus de spiritualité – de plus de conscience dans nos vies. Pour que cette société soutienne et encourage les individus dans leur unicité et leur créativité. En effet, la société occidentale actuelle s’est évertuée à couper les liens entre les hommes – dans notre rapport à la Nature qui est en nous et autour de nous. Nous ressentons aujourd’hui à un besoin de reliance et de transcendance. Cet élan doit aller de pair avec une grande humilité et un ancrage réel, une connexion véritable au Vivant dont nous faisons partie intégrante.

Cette réponse est d’autant plus nécessaire que nous assistons à une destruction massive du Vivant sur notre belle et résiliente planète. Remettre du sacré (et ce quelle que soit sa forme) dans nos vies est urgent – réenchantons ensemble le monde et nos cœurs.

Rendez vous les 16 et 24 avril pour découvrir le film et en discuter ensemble !